L’OMS/Europe et la Commission européenne unissent leurs forces afin d’aider les pays de l’Union européenne à améliorer les soins de longue durée. Ce nouveau partenariat, qui éclairera les travaux de l’OMS/Europe dans la Région européenne, se concentrera sur l’amélioration de l’accès aux services de soins de longue durée et de leur qualité, tout en apportant un soutien important aux aidants informels qui jouent souvent un rôle crucial dans la prestation des soins.
Dans la Région européenne, 135 millions de personnes souffrent d’un handicap et près de 1 personne âgée sur 3 ne peut subvenir à ses besoins fondamentaux de manière autonome. L’accès à des soins de longue durée intégrés et de qualité est essentiel pour que ces personnes conservent leur capacité fonctionnelle, jouissent des droits humains fondamentaux et vivent dans la dignité.
On parle de prestation intégrée de soins lorsque les patients peuvent accéder aux soins dont ils ont besoin en temps opportun et de manière complète, avec des services allant de la prévention au traitement, en passant par les soins de longue durée, la réadaptation ou les soins palliatifs. Ces services peuvent être dispensés dans des établissements de santé et de soins de longue durée, à domicile ou au sein de la communauté.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les vulnérabilités des systèmes de soins, notamment l’insuffisance des services de soins de longue durée et le manque d’intégration avec les services de soins de santé. Rien que dans l’Union européenne, les premières vagues de la pandémie ont provoqué environ 200 000 décès parmi les résidents des établissements de soins de longue durée.
« Les enseignements de la pandémie sont sans équivoque. Mais sommes-nous mieux préparés aujourd’hui pour faire face à un défi de cette ampleur ? Ce que nous savons, c’est que nous devons investir davantage dans nos systèmes de santé, notamment dans la manière dont nous dispensons des soins de longue durée à ceux qui en ont besoin, » a expliqué le docteur Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe.
« L’amélioration de l’accès aux soins et de leur qualité dans nos communautés sera essentielle, tout comme le soutien aux aidants, qu’ils soient membres de la famille, bénévoles ou membres de la population active. Nous sommes fiers de ce nouveau partenariat avec l’Union européenne dans ce domaine important, et nous nous réjouissons de pouvoir utiliser tous les outils dont nous disposons pour protéger la santé des personnes, où qu’elles vivent, » a ajouté le docteur Azzopardi-Muscat.
« De nombreux défis liés aux soins de longue durée ne sont pas seulement nationaux ou européens, mais mondiaux. Nous sommes donc heureux d’unir nos forces à celles de l’OMS, en nous appuyant également sur leur vaste expertise en matière de soutien aux réformes visant à dispenser des soins intégrés et à adapter les systèmes de santé aux besoins d’une population vieillissante. Le partenariat stratégique avec l’OMS est un pas en avant pour garantir l’accès de tous à des soins de longue durée de qualité et abordables, » a déclaré Mme Katarina Ivanković Knežević, directrice des droits sociaux et de l’inclusion à la Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion de la Commission européenne.
La demande de soins de longue durée devrait augmenter
Si l’accès aux services de soins de longue durée varie d’un pays à l’autre dans la Région, les données disponibles dans les pays de l’Union européenne indiquent que seule 1 personne âgée sur 3 nécessitant des soins peut en bénéficier au sein de la communauté.
Avec le vieillissement de la population, la demande de soins de longue durée devrait augmenter. D’ici 2024, la Région européenne de l’OMS comptera plus de personnes âgées (65 ans et plus) que d’enfants et d’adolescents, et l’on estime que 2 personnes âgées sur 3 auront besoin de soins et d’assistance à un moment ou à un autre de leur vie.
Le nouveau partenariat mettra au point des outils destinés à soutenir les efforts de réforme des soins de longue durée dans les pays, et contribuera à suivre les progrès accomplis en vue d’améliorer la couverture des services, de dispenser des soins plus abordables et d’assurer une meilleure coordination des services de santé et de soins de longue durée tout au long de la vie.
Les activités du partenariat s’aligneront sur les activités menées prochainement par l’OMS/Europe en vue de soutenir le développement de soins intégrés pour un vieillissement en bonne santé, notamment l’élaboration d’un cadre d’action régional sur les systèmes de santé et de soins intégrés destiné à faciliter la coordination, la collaboration, l’apprentissage commun, l’innovation et le suivi de la prestation de soins intégrés et des communautés amies des aînés.
Soutenir les aidants informels
Dans la Région européenne, la majorité des soins sont dispensés de manière informelle par les familles et les communautés locales. Grâce à leurs efforts, les aidants informels contribuent à combler les lacunes dans la couverture des services et à garantir des soins aux personnes qui n’ont pas accès aux services de soins formels ou qui n’ont pas les moyens de se les offrir.
Le partenariat soutiendra également ces aidants informels en élaborant une série d’outils en libre accès qui peuvent les aider à prendre soin d’autrui.
La pandémie de COVID-19 a exercé une pression énorme sur les personnels de santé et d’aide à la personne, ainsi que sur les aidants informels. Dans l’Union européenne, 2 aidants sur 3 ont fait état d’une détérioration de leur santé mentale et physique en raison de l’intensification de leurs responsabilités pendant la pandémie.
La pénurie de personnel, mise en évidence dans le rapport régional de l’OMS/Europe intitulé « Health and care workforce in Europe : time to act » [Les personnels de santé et d’aide à la personne en Europe : il est temps d’agir], affecte également la qualité et la quantité des soins de longue durée dans la Région. Des investissements sont nécessaires de toute urgence pour remédier à ces pénuries, en mettant l’accent sur la formation, le recrutement, le maintien en poste et la protection du personnel de soins de longue durée.
En outre, environ 3 aidants informels sur 4 sont des femmes, et l’on estime que les femmes représentent 80 % de la main-d’œuvre dans le secteur des soins formels. Malgré leur immense contribution à la société, ces aidants sont souvent confrontés à une reconnaissance insuffisante, à des conditions de travail difficiles, à une charge de soins excessive et à un stress chronique.
« Des millions de femmes qui s’occupent de membres de leur famille sacrifient aujourd’hui leurs possibilités d’emploi, leur temps de loisirs et, bien trop souvent, leur santé, » a expliqué le docteur Azzopardi-Muscat. « C’est pourquoi il est particulièrement important d’investir dans des systèmes de soins plus équitables pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est aussi un investissement intelligent, surtout si nous voulons instaurer des économies du bien-être qui placent la qualité de vie des populations au cœur de la reprise économique. »