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De la fumée s'élève d'un bâtiment suite à une frappe aérienne dans la banlieue sud de Beyrouth.

Plus de 240 morts en une semaine au Liban

© UNICEF/Dar al Mussawir/Ramzi
De la fumée s'élève d'un bâtiment suite à une frappe aérienne dans la banlieue sud de Beyrouth.

Plus de 240 morts en une semaine au Liban

Paix et sécurité

Alors que les bombardements israéliens continuent de viser des localités du sud du Liban, le conflit en cours continue de faire des victimes, de déraciner des communautés et de détruire des maisons et des infrastructures essentielles.

En raison de la détérioration des conditions sécuritaires dans plusieurs régions du Liban, le nombre de victimes continue d’augmenter avec au moins 241 personnes tuées et 642 blessées en une semaine (du 4 au 11 novembre) en raison des frappes aériennes israéliennes, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), reprenant des données du ministère libanais de la Santé publique.

Un décompte effectué le 11 novembre montre que près de 3.300 personnes ont été tuées (dont 203 enfants et 644 femmes) et plus de 14.000 blessées depuis le 8 octobre 2023.

La publication de ces dernières données sur le conflit intervient alors que des rapports des médias font état d’une frappe de l'armée israélienne ayant visé la banlieue sud de Beyrouth mercredi 13 novembre 2024, après un ordre d’évacuation donné à la population

L’ordre d’évacuation a été posté sur X par le porte-parole de l’armée israélienne Avichay Adrae, précisant aux populations concernées qu’elles se trouvaient près de bâtiments « liés au Hezbollah » que l’armée israélienne a décidé de frapper « avec force très prochainement ».

Au moins un enfant tué chaque jour rien qu’en octobre 2024

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), au moins un enfant a été tué et 10 enfants ont été blessés chaque jour au Liban, rien qu’en octobre 2024. Avec plus de 200 enfants tués depuis le début du conflit en 2023, l’UNICEF a tiré la sonnette d’alarme sur les effets dévastateurs de la violence croissante et des déplacements forcés, exhortant les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à protéger les enfants.

Plus largement, le conflit en cours continue de faire des victimes, de déraciner des communautés et de détruire des maisons et des infrastructures essentielles. L’intensification des frappes aériennes israéliennes a eu des conséquences majeures dans le sud du Liban, dans les gouvernorats de Nabatieh, de la Bekaa, de Baalbeck-Hermel et du Mont-Liban.

Selon le ministère de la Santé publique, une frappe aérienne sur un immeuble résidentiel dans le Akkar, au nord du Liban, le 11 novembre, aurait tué au moins 18 personnes et en aurait blessé 14. Le 10 novembre, une frappe sur une maison abritant des familles déplacées dans la ville d’Aalmat à Jbeil, dans le gouvernorat du Mont-Liban, a tué au moins 23 personnes, dont sept enfants.

44 attaques contre les hôpitaux faisant 91 morts depuis la mi-septembre

D’une manière générale, les incidents survenus au cours des semaines précédentes ont visé à plusieurs reprises des bâtiments résidentiels accueillant des personnes déplacées, y compris une attaque à Aito-Zgharta, au nord du Liban, et à Barja-Chouf, au Mont-Liban, qui ont coûté la vie à plus de 40 personnes.

Outre les attaques contre des zones abritant des civils, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) continue d’enregistrer des frappes aériennes sur des installations et des travailleurs du secteur de la santé, interrompant les activités de 127 installations sanitaires et de huit hôpitaux, et réduisant la fonctionnalité de neuf hôpitaux. La première semaine de novembre a été marquée par trois attaques contre des services de santé, deux morts et sept blessés parmi les travailleurs de la santé, selon l’OMS.

Depuis la mi-septembre 2024, le système de surveillance des attaques contre les soins de santé (SSA) a signalé 44 attaques contre les soins de santé faisant 63 blessés et 91 morts, ce qui porte le total des attaques contre les soins de santé à 103 incidents faisant 123 blessés et 145 morts depuis le 8 octobre 2023.

Des gens fuient les frappes aériennes israéliennes au Liban vers la Syrie.
© UNHCR/Farah Harwida
Des gens fuient les frappes aériennes israéliennes au Liban vers la Syrie.

Des retours en Syrie dans un climat de « crise économique très profonde »

Cette détérioration de la situation oblige des dizaines de milliers de Libanais à fuir leur domicile. Au cours du mois dernier, plus de 185.000 personnes ont fui leur domicile en quête de sécurité à l’intérieur du pays, ce qui porte le total à près de 880.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Dans le même temps, plus de 30.000 Libanais se sont réfugiés en Iraq et plus de 510.000 personnes ont franchi la frontière entre le Liban et la Syrie. Près de 70 % sont des Syriens et 30 % sont des réfugiés libanais ou des ressortissants d’autres pays tiers. En Syrie, ces personnes reviennent dans un pays qui souffre d’une crise vieille de 13 ans.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ces retours surviennent dans un climat de « crise économique très profonde en Syrie », avec beaucoup de maisons, d’habitations et d’infrastructures qui ont été détruites au cours des 13 dernières années. Et même avant cette dernière crise au Liban, plus de 90 % des Syriens à l’intérieur de la Syrie avaient besoin d’une aide humanitaire. Plus de 7,2 millions de Syriens étaient toujours déplacés à l’intérieur de la Syrie.

Environ 5,5 millions de réfugiés syriens sont accueillis dans les pays voisins depuis le début du conflit en Syrie. Le Liban accueillait le plus grand nombre de réfugiés par habitant dans le monde, avec plus de 1,5 million de réfugiés syriens vivant au Liban.

Selon le HCR, deux séries d’obstacles compliquent le retour des réfugiés syriens. « Le premier est la sûreté et la sécurité, ce qui signifie un conflit actif, la sûreté et la sécurité contre les arrestations arbitraires, la détention et l’enrôlement dans l’armée. L’autre série d’obstacles concerne les conditions de vie : le manque de moyens de subsistance, d’opportunités, d’hôpitaux et d’écoles », a déclaré dans un entretien accordé à ONU Info, Rula Amin, Conseillère principale en communication au HCR.

Le chef des opérations de paix de l'ONU en visite au Liban

Le chef des opérations de paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix (à gauche), rencontre des soldats de la paix de la FINUL dans le sud du Liban.
© UNIFIL
Le chef des opérations de paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix (à gauche), rencontre des soldats de la paix de la FINUL dans le sud du Liban.

Par ailleurs, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) fait état de nombreuses violations depuis l’escalade de la violence de part et d’autre de la Ligne bleue, qui sépare le Liban et Israël, depuis la fin du mois de septembre, dont plus d’une demi-douzaine d’attaques directes contre des soldats de la paix.

L’incident le plus récent s’est produit le 8 novembre, lorsque deux excavateurs et un bulldozer de l’armée israélienne ont détruit une partie d’une clôture et une structure en béton dans une position de la FINUL à Ras Naqoura.

Sur le front diplomatique, le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a rencontré mardi soir le Premier ministre libanais, Najib Mikati. Sa visite vise à « amplifier les appels des Nations Unies et de la communauté internationale à la désescalade et à un cessez-le-feu » au Liban.

Rencontre avec des Casques bleus

Lors de cette visite de trois jours, M. Lacroix souhaite exprimer sa solidarité et son soutien aux Casques bleus, aux pays fournisseurs de contingents et aux autres partenaires, ainsi qu’aux communautés desservies par la mission onusienne.

Mercredi, le chef des opérations de paix s’est rendu dans la zone d’opérations de la FINUL dans le sud du Liban. Il s’est entretenu avec des soldats de la paix qui ont été blessés lors d’attaques directes et d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Il a visité les positions de l’ONU à Mansouri et le quartier général de la mission à Naqoura, a indiqué le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse à New York.

M. Lacroix a également rencontré le personnel de la FINUL qui continue de soutenir le travail de la mission à Naqoura et les hauts dirigeants de la mission. Il a exprimé sa gratitude au personnel militaire et civil de la FINUL pour leur dévouement et leur engagement dans le travail important de la mission pendant cette période exceptionnellement difficile, a précisé le porte-parole.

Le Conseil de sécurité condamne les incidents ayant touché la FINUL

Dans une déclaration à la presse publiée jeudi, les membres du Conseil de sécurité ont condamné les nombreux incidents qui ont touché les positions de la FINUL et blessé des soldats de la paix au cours des dernières semaines, notamment ceux des 29 octobre, 7 novembre et 8 novembre 2024.

Ils ont exhorté toutes les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter la sûreté et la sécurité du personnel et des locaux de la FINUL. Ils ont rappelé que les soldats de la paix ne doivent jamais être la cible d’une attaque.

Ils ont réitéré leur plein soutien à la FINUL, soulignant son rôle dans le soutien de la stabilité régionale, et ont exprimé leur profonde gratitude aux pays fournisseurs de contingents de la FINUL.

Les membres du Conseil ont exprimé leur profonde préoccupation face aux victimes et aux souffrances civiles, à la destruction des infrastructures civiles, aux dommages causés aux sites du patrimoine culturel au Liban et à la mise en danger des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO à Baalbek et Tyr, ainsi qu’au nombre croissant de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Ils ont appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire.

Le Conseil de sécurité a réclamé la pleine mise en œuvre de sa résolution 1701.