De nombreux pays considèrent la santé et le changement climatique comme prioritaires mais manquent de fonds pour agir

8 novembre 2021
Communiqué de presse

Les pays ont commencé à donner la priorité à la santé dans leurs efforts pour protéger les populations des effets du changement climatique, mais seulement environ un quart des pays récemment interrogés par l’Organisation mondiale de la Santé ont été en mesure de mettre pleinement en œuvre leurs stratégies ou plans nationaux en matière de santé et de changement climatique. Les pays indiquent que l'absence de financement, les conséquences de la COVID-19, et des ressources humaines insuffisantes sont des obstacles majeurs au progrès.

Le rapport d’enquête mondial 2021 de l’OMS sur la santé et le changement climatique (2021 WHO health and climate change global survey report, en anglais) révèle toutefois que plus des trois quarts des pays étudiés ont élaboré ou élaborent actuellement des stratégies ou des plans nationaux en matière de santé et de changement climatique.

Quelque 85 % des pays ont maintenant un référent désigné, responsable de la santé et du changement climatique au Ministère de la santé, tandis que dans 54 % des pays, le Ministère de la santé a mis en place un mécanisme regroupant les parties prenantes (tel qu’une équipe spéciale ou un comité) sur la question de la santé et du changement climatique.

Environ les deux tiers des pays étudiés ont mené une évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation au changement climatique sous l’angle de la santé ou ont entrepris une telle évaluation, tandis que la quasi-totalité des pays (94 %) intègrent des considérations relatives à la santé dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris.

« La nouvelle enquête de l’OMS met en évidence le nombre de pays qui ne bénéficient d'aucun soutien et ne sont pas préparés à faire face aux effets du changement climatique sur la santé. Nous sommes ici à la COP 26 pour exhorter le monde à mieux soutenir les pays qui en ont besoin et à veiller à ce qu’ensemble, nous fassions mieux pour protéger les populations contre la plus grande menace pour la santé humaine à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui », a déclaré la Dre Maria Neira, Directrice du Département Environnement, changements climatiques et santé à l’OMS.

L’incapacité des pays à protéger la santé des changements climatiques est particulièrement néfaste pour les groupes de population les plus pauvres, notamment les minorités ethniques, les communautés défavorisées, les migrants et les personnes déplacées, les personnes âgées et de nombreuses femmes et enfants.

« Les arguments sanitaires pour une action renforcée en faveur du climat sont évidents. Ainsi, près de 80 % des décès causés par la pollution de l’air pourraient être évités si les niveaux actuels de pollution de l’air étaient réduits conformément aux lignes directrices de l’OMS sur la qualité de l’air », a déclaré la Dre Neira.

L’enquête de l’OMS révèle que l’insuffisance des financements continue d’être la principale pierre d’achoppement d'une mise en œuvre complète des plans nationaux en matière de santé et de changement climatique, citée par 70 % des pays (contre 56 % en 2019). Les contraintes en matière de ressources humaines sont le deuxième obstacle majeur, tandis qu’environ un tiers des pays ont signalé le manque de collaboration intersectorielle comme étant un obstacle important.

Environ la moitié des pays indiquent que la situation d'urgence due à la COVID-19 a ralenti les progrès dans la lutte contre le changement climatique en obligeant à réorienter le personnel et les ressources dans le domaine de la santé, et continue de mettre en péril les capacités des autorités sanitaires nationales à planifier et à se préparer aux tensions et aux chocs sanitaires liés au climat.

Le rapport relève également que l'occasion de recenser et d’optimiser les avantages pour la santé des efforts d’adaptation et d’atténuation dans d’autres secteurs, qui auraient pu contribuer à une reprise soucieuse de l'environnement et de la santé après la COVID-19 a sans doute été manquée : les déterminants structurels et sociaux de la santé, tels que l’éducation, l’équité, le genre, l’urbanisme, le logement, l’énergie et les systèmes de transport étaient représentés dans moins de la moitié des mécanismes multisectoriels établis.

Le premier rapport de cette série a été publié en 2019. Ce deuxième rapport fournit un aperçu précieux des progrès globaux réalisés par les gouvernements dans la lutte contre les risques que représente le changement climatique pour la santé.

« Le défi consiste maintenant à éliminer les obstacles qui empêchent les pays de finaliser et de mettre en œuvre leurs plans », a déclaré Tara Neville, administratrice technique au Département Environnement, changements climatiques et santé de l’OMS et principale auteure du rapport d’enquête.

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Note aux rédactions

Le rapport d’enquête mondiale 2021 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la santé et le changement climatique (2021 WHO health and climate change global survey report) fournit un aperçu précieux des progrès globaux réalisés par les gouvernements dans la lutte contre les risques que représente le changement climatique pour la santé. Les conclusions sur les principaux indicateurs relatifs à la santé et au changement climatique visent à donner aux responsables de l'élaboration des politiques les moyens de prendre des décisions éclairées sur la mise en œuvre des politiques et des plans ; d’identifier les lacunes en matière de données probantes ; et de mieux comprendre les obstacles à la réalisation des priorités en matière d’adaptation et de résilience dans le secteur de la santé tout en portant au maximum les avantages pour la santé des efforts d’atténuation du changement climatique à l’échelle du secteur.

La réponse sanitaire au changement climatique s’inscrit dans le contexte de la pandémie actuelle de COVID-19, d’une dégradation de l’environnement et d’une perte de biodiversité continues, des inégalités socio-économiques et d’un sous-investissement chronique dans les systèmes de santé. Lorsque des données sont disponibles, le rapport vise à fournir des conclusions sur l’interdépendance de ces défis.

Liens :

Rapport complet : enquête de l’OMS sur la santé et le changement climatique (en anglais)

Programme de la COP26 en faveur de la santé (en anglais)

Événements pour la santé à la COP26 (en anglais)

Pour en savoir plus, veuillez vous adresser à :

À Glasgow, à la COP26 :

Arthur Wyns, Organisation mondiale de la Santé, Whatsapp: +4915163113879, wynsa@who.int.

À Genève :

Ceridwen Johnson, OMS Genève, Organisation mondiale de la Santé, portable : +41 795 789 678, johnsonce@who.int.

Principales conclusions

  1. Environ les deux tiers (67 %) des pays étudiés ont mené une évaluation de la vulnérabilité et de l'adaptation au changement climatique sous l’angle de la santé ou entreprennent actuellement une telle évaluation. Les résultats des évaluations éclairent les politiques et les programmes de santé, mais continuent à n’influencer que de de façon limitée l’allocation des ressources humaines et financières.
  2. Plus des trois quarts (77 %) des pays étudiés ont élaboré ou élaborent actuellement des stratégies ou des plans nationaux en matière de santé et de lutte contre le changement climatique. Cependant, la mise en œuvre est entravée par un financement insuffisant, des contraintes en matière de ressources humaines et des travaux de recherche, des données probantes, des technologies et des outils limités.
  3. Environ la moitié des pays interrogés (52 %) déclarent que la pandémie de COVID-19 a eu un impact significatif sur leur travail de protection de la santé contre le changement climatique, en détournant le personnel et les ressources dans le domaine de la santé et en ralentissant la mise en œuvre des mesures de protection. Seulement un tiers (33 %) des pays interrogés ont profité de l’occasion pour inclure les considérations relatives au changement climatique et à la santé dans leurs plans de reprise après la COVID-19.
  4. Des progrès ont été accomplis dans la mise au point d’une collaboration intersectorielle sur les politiques et les programmes liés à la santé et au changement climatique. La plupart de ces collaborations (>75 % des mécanismes signalés par les pays) comprennent des représentants de parties prenantes ou de secteurs relevant des déterminants environnementaux de la santé, tels que l’eau potable, les services d’assainissement et d’hygiène (WASH), la qualité de l’air et les services météorologiques. La représentation des parties prenantes ou des secteurs axés sur les déterminants structurels et sociaux de la santé, tels que l’éducation, l’urbanisme, le logement, l’énergie et les systèmes de transport, est moins courante (40 à 50 % des mécanismes signalés par les pays). 
  5. Moins de 40 % des pays intègrent des informations météorologiques et climatiques dans leurs systèmes de surveillance sanitaire des maladies sensibles au climat. Le plus souvent, les pays disposent de systèmes de surveillance de la santé en lien avec le climat pour les maladies à transmission vectorielle, hydrique ou aéroportée ou les maladies respiratoires.
  6. Seul un tiers des pays étudiés disposent de systèmes d’alerte sanitaire précoce reposant sur des données climatiques pour les maladies liées à la chaleur (33 %) ou les blessures et la mortalité dues à des phénomènes météorologiques extrêmes (30 %), malgré des données solides attestant que ces risques augmentent dans le monde entier.
  7. Le personnel de santé est de mieux en mieux informé des liens entre changement climatique et santé, et formé dans ce domaine (une formation, à des niveaux divers, étant dispensée dans 42 % des pays), mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour s’assurer que le renforcement des capacités couvre un ensemble complet de compétences pertinentes et est systématiquement intégré au perfectionnement du personnel de santé.
  8. Un nombre croissant de pays (27 %) ont procédé à des évaluations de la résilience climatique de leurs établissements de santé.
  9. Seule une faible proportion des Ministères de la santé des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (28 %) reçoivent actuellement des fonds internationaux pour soutenir les travaux liés au changement climatique et à la santé. L’accès aux fonds internationaux, y compris aux fonds multilatéraux pour le climat, doit être considérablement amélioré pour atteindre les niveaux requis pour protéger la santé des effets du changement climatique.
  10. Les pays ont donné une place beaucoup plus importante aux considérations relatives à la santé dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). La quasi-totalité (94 %) des 142 contributions nouvelles ou mises à jour publiées en 2020-2021 mentionnent la santé, alors que celle-ci ne l’était que dans 70 % des 184 CDN en 2019. Les avantages pour la santé de l’atténuation du changement climatique sont maintenant mentionnés dans 28 % des CDN nouvelles ou mises à jour, contre 10 % en 2019.

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